Introduction

On entend souvent « le Bio, c’est cher, je ne peux pas me le permettre »

Si l’on porte un regard global, les produits Bio coûtent moins chers à la société que les produits issus de l’agriculture conventionnelle : moins d’intrants en agriculture (engrais, pesticides), moins de pollution, des produits agricoles plus riches en vitamines, en minéraux et plus nourrissants, des consommateurs en meilleure santé.

Vous pouvez vous le permettre. Je ne dirais pas que c’est facile pour tout le monde. C’est sûr que si vous gagnez 800 euros/ mois avec une famille de 5 personnes, il va vous falloir une bonne dose d’imagination, d’astuces et de créativité.

L’idée de cet article est de vous faire partager quelques astuces

qui pourront peut-être vous aider à faire le choix de manger Bio.

 Il y a aussi le Bio en grande surface… si vous avez opté pour ce type d’achat, c’est déjà un premier pas. Le second sera d’aller dans un magasin Bio. Cela vous coûtera moins cher, les produits seront plus frais, vous éviterez les sur-emballages, et vous dépenserez votre argent pour des enseignes qui sont motivées par l’éthique.

Choisissez bien votre enseigne Bio, certaines n’hésitent pas à vous vendre des pommes de Nouvelle-Zélande ou de l’ail d’Amérique du Sud…

1.1 – Un jardin biologique

Pouvez vous avoir accès à un bout de terrain ?

Si vous n’avez pas de terrain (ce qui était mon cas), vous pouvez en trouver à prêter, le plus souvent gratuitement, par une personne qui en a. Pensez aux personnes âgées du coin qui n’ont plus la force de jardiner et qui seront peut-être contente d’avoir quelques légumes en échange d’un bout de terre entretenue. Demander aussi à votre commune, y-a-t-il des jardins ouvriers ?

Si oui, alors, sans hésitez, mettez-vous au jardinage. C’est facile et cela ne demande pas tant de temps que çà, surtout si vous mettez en pratique quelques astuces de jardinage comme les couvertures végétales, le non-travail du sol (voir [2]). Vous pouvez tout à fait envisager un jardin en n’y allant que le WE. Il sera aussi nécessaire d’aller au jardin arroser une à deux fois par semaine le soir lors des longues périodes chaudes et sèches.

Évidemment, un jardin n’aura d’intérêt que si vous n’y mettez ni engrais chimiques, ni pesticides , ni Roundup !!! Félicitations à la chaîne de magasins Botanic qui a supprimé tous les produits phytosanitaires de ses rayons.

Débuter en jardinage : aller voir vos voisins jardiniers, ils seront ravis de vous prodiguer conseils, de vous montrer leurs semis, leurs plantations et vous pourrez récupérer un bout de racine de menthe par ci, un éclat de racine de rhubarbe, de la ciboulette, du thym, des semences… C’est ce qu’il y a de bien en jardinage, on n’a pas besoin d’acheter grand chose !

 Biblio : Si vous débutez en jardinage,

– [1] le livre « Le guide du jardinage biologique » de Jean Paul THOREZ aux Éditions Terre Vivante est très bien fait,

– [2] le livre «Guide du nouveau jardinage » de Dominique Soltner,

– magazine : « les quatre saisons du jardinage » aux Éditions Terre Vivante

 Photo : Récolte de potimarrons et de butternut 2008, 6 graines mises à 5cm de profondeur dans un tas de fumier de vaches composté. Aucun arrosage, aucun entretien, résultat : 22 potimarrons et une cagette de butternut qui nous ont duré tout l’hiver.

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1.2 – Faire ses propres semences, faire ses semis,

On commence par faire un jardin, puis on aimerait bien faire ses propres semences, puis essayer quelques semis… C’est naturel, facile, réjouissant et économique. Et en plus, vous pourrez faire des échanges entre jardiniers, on est vite débordés par le nombre de plants !

Quelques conseils pour les semis :

Au printemps, vers mars-avril, penser à faire vos propres semis en intérieur :

– utilisez du terreau pour semis AB; vous pouvez y ajouter de la terre du jardin et du sable,

– vous pouvez aussi demander à votre poissonnier quelques bacs blancs en polystyrène dans lesquels vous ferez quelques trous d’écoulement; mettre dessous un plateau de cuisine à rebords

– avant de les mettre dans le jardin, mettez les dehors tous les jours pendant 2 à 3 semaines pour les endurcir sinon vous risquez de les voir « fondre » à la première nuit dehors.

 Quelques conseils pour débuter et faire ses propres semences :

– faire ses semences avec des variétés anciennes et non avec des légumes hybridés*,

– à la fin de l’été (plus généralement à la fin du cycle végétatif, certaines plantes potagères sont bisannuelles), laisser monter en graines votre plus beau plant (de salade, carottes, poireau, …); ramasser la fleur une fois que les graines sont presque sèches mais qu’elles ne tombent pas encore par terre,

– ou récupérer les graines d’un beau légume fruit (tomate, poivron, potimarron, courgette, concombre,…)

– faire sécher les graines dans une assiette ou dans un sopalin avec le nom du légume dessus,

– conserver les graines sèches dans un sopalin ou une enveloppe et inscrire le nom du légume et l’année de récolte,

– mettre toutes ses graines bien sèches dans un carton à l’abri de l’humidité et de la lumière sinon elles risquent de moisir ou de germer!

 Biblio : « Le plaisir de faire ses graines » de Jérôme Goust et José Bové aux Éditions de Terran

 *Semences :

Attention, les caractéristiques des hybrides ne sont pas stables d’une génération à l’autre et donc, on ne peut pas faire ses propres semences avec :

– vous achetez des semences hydriques en 2010 et faite une première récolte (c’est pas forcément marqué Hybride mais F1 par exemple),

– à l’automne 2010, vous gardez précieusement vos graines,

– au printemps 2011, de nouveaux semis, de nouveaux plants, une nouvelle récolte : oh! surprise, les légumes 2011 sont tout moches. Que d’effort pour rien… c’est fait exprès pour que vous achetiez des graines chaque année, malin, non ?

– conclusion : choisissez des variétés anciennes. Elles sont meilleures, plus résistantes, plus variées, plus savoureuses, vous pourrez faire vos graines et participerez à la sauvegarde de la biodiversité et du patrimoine séculaire de sélection de graines par les jardiniers des siècles précédents.

Où trouver des semences anciennes : Kokopelli, mais aussi Germinance, Le Biau Germe, la ferme de Sainte Marthe.

Vive la sauvegarde des variétés anciennes, les bonnes tomates qui ont du goût… mais je vous préviens, impossible de remanger ensuite une beurke tomate du supermarché du coin!

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1.3 – Graines germées et jeunes pousses

Un miracle de la création à connaître : les graines germées et les jeunes pousses.

Que vous soyez riche ou pauvre, en bonne santé ou malade, les graines germées sont faites pour vous.

Les graines germées et les jeunes pousses sont un concentré de vitamines, protéines, minéraux, lipides polyinsaturés, sucres de qualité, enzymes. Il serait même possible en temps de crise de ne se nourrir que de graines germées, de jeunes pousses, de jus d’herbe de blé…

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Manger des graines germées est très nourrissant et coûte très peu cher. Vous mangerez beaucoup moins en quantité mais serez très vite rassasiés. Par exemple, on compte 80g de lentilles sèches par personne mais 60g/personne si on les fait tremper une nuit et 20g/personne si on les fait germer.

Biblio : « Les graines germées de A à Z » de Carole Dougoud. Livre très complet et très agréable à l’utilisation; s’il ne fallait en acheter qu’un, c’est celui-là.

1.4 – Les plantes sauvages comestibles

Si vous avez la chance d’habiter une région préservée comme la montagne (pas au milieu de champs en agriculture intensive), une bonne alternative est de connaître et cuisiner les plantes sauvages comestibles

Attention aux zones où vous aller ramasser : pas au bord ou au milieu de champs sauf si vous connaissez l’agriculteur, pas dans les pâturages (les moutons sont vaccinés eux aussi, sans compter les autres traitements); attention parfois certaines prairies servent pour l’épandage des effluents de la commune :o((

Attention à préserver les sites où vous effectuerez vos cueillettes : éviter le piétinement, pas de sur-cueillette (ne prélever que ce qui vous est nécessaire, laisser les 2/3 des plants, laisser les plus jolis plants qui serviront de porte-graines, ne pas ramasser si les plantes recherchées sont trop éparses). Pour ramasser, rien de mieux que le panier en osier, un ligne humide au fond pour que les plantes ne fanent pas, un couteau qui vous permettra de laisser les racines en place.

 Biblio : les 3 livres de Marie Claude Paume « sauvages et médicinales », « sauvages et comestibles », « sauvages et toxiques », sont très bien faits, bien illustrés, les descriptions botaniques de plantes sont détaillées et claires, sont précisés aussi les usages traditionnels et les confusions possibles.

 Stages : La Trace , Plant’essence avec Jean Coudour

Formation botanique : École Lyonnaise des Plantes Médicinales