Introduction

Je ne sais plus au cours de quelle lecture je suis tombée la première fois sur la notion de mycorhizes. Cette notion en tout cas m’a interpellée et je me suis donc lancée à la recherche d’un livre sur le sujet. Je me souviens d’une conversation téléphonique mémorable avec une libraire parisienne sans doute d’origine québécoise (« je vous entends comme au fond de la mer ») pour transmettre mon numéro de CB et acheter « Mycorhizes, la nouvelle révolution verte ». Eh oui, c’est un livre québécois ! impossible de le commander sur les sites de vente en ligne traditionnels, il faudra vous adresser à la librairie du Québec à Paris.

Des informations vraiment intéressantes à connaître sur les mycorhizes

Il y a des informations vraiment intéressantes à connaître sur les mycorhizes.

Par exemple, de nombreux jardiniers connaissent la symbiose bactériorhize qui existe entre les nodules racinaires des légumineuses (haricot, luzerne, acacia…) et les bactéries rhizobium, permettant la fameuse fixation de l’azote atmosphérique. Eh bien cette symbiose ne concerne que 5% des plantes.

Quels sont les jardiniers par contre qui connaissent la symbiose mycorhizienne qui existe entre la plupart des plantes et des champignons par le biais d’un mycélium associé aux racines et qui concerne pratiquement la totalité des plantes vertes terrestres soit plus de 85% de plantes ! Cette symbiose ne concerne pas les crucifères et les chénopodiacées.

A quoi va servir cette symbiose aux plantes  et aux champignons ?

La plantes verte effectue la photosynthèse et le champignon approvisionne le couple en eau et en éléments minéraux à partir du substrat. La surface absorbante d’une plante est relativement limitée, le champignon va faire bénéficier la plante de son réseau de mycélium très important. A titre d’exemple, on estime que la surface des mycéliums arbusculaires (c’est le nom du type de mycorhize) sous 1m2 de sol de prairie est d’environ 90m2. Dans un pot d’un litre où pousse un seul plant de poireau, le mycélium peut atteindre jusqu’à 1km, envahissant les moindres interstices du substrat !

Essai à l’Oasis

Evidemment, après avoir lu ces informations et en plus en ayant vu des photos de plants avec et sans mycorhizes, on n’a qu’une envie, c’est essayer !

L’occasion s’est présentée toute seule par le biais du site « Jardinons sol vivant » de Gilles Domenech qui propose cette année une expérimentation en partenariat avec la société Inoculum Plus et qui permet aux expérimentateurs de bénéficier d’un tarif préférentiel. C’est donc l’occasion rêvée pour mettre en test mes plates-bandes potagères.

J’ai reçu le colis d’inoculum, propagules (spores et mycélium) de champignons endomycorhigènes (ou mycorhizes à arbuscules), ce début de semaine. C’est parti pour les essais, en commençant par un essai de mycorhize avec l’épinard sauvage portugais (et j’ai vérifié, ce n’est pas de la famille des chénopodiacées).

 Les mycorhizes en pratique

Les informations ci-dessous sont tirées du site « Jardinons sol vivant » de Gilles Domenech.

Toutes les plantes du potager sauf …

Ces champignons sont capables de réaliser des symbioses avec environ 80% des plantes terrestres, cela implique qu’ils sont toutefois incompatibles avec environ 20% de ces plantes. Ces dernières soit ne forment pas de mycorhize soit forment un autre type de mycorhize, voyons cela plus en détail :

Les plantes non mycorhiziennes appartiennent à un petit nombre de familles :

  • en ce qui concerne les plantes potagères ce sont surtout les crucifères (choux, radis, navets, moutardes, colzas...) et les Chénopodiacées (amarantes, épinards, blettes, quinoa, betteraves…) qui sont concernées ;
  • parmi les plantes utilisées pour l’ornement, le lupin (lupin blanc, le seul comestible, très cultivé au Portugal), bien que faisant partie des légumineuses, ne forme pas de mycorhize, de même que les plantes de la famille des Caryophyllacées (œillets, stellaires, silènes, gypsophiles…) ;
  • d’autres familles, notamment celles caractéristiques des zones humides que sont les Joncacées (Joncs…) et les Cypéracées (Carex…) sont également dans ce cas.

Certaines plantes forment des symbioses mycorhiziennes avec d’autres types de champignons :

  • De nombreux ligneux dont les grands arbres des forêts tempérées et boréales forment une symbiose avec des champignons dit ectomycorhiziens, dont font partie les cèpes, girolles, truffes et des centaines d’autres champignons des forêt tempérées. Ces ligneux sont rassemblés majoritairement dans les trois familles suivantes : Fagacées (chênes, hêtre châtaignier), Bétulacées (bouleaux, peupliers, aulnes…) et Pinacées (pins, cèdres, mélèzes, sapins, épicéas, douglas…).
  • Les Orchidées forment une symbiose mycorhizienne qui leur est spécifique, de même que les Éricacées (myrtilles, canneberges, rhododendrons, azalées, bruyères, arbousiers…) et quelques autres groupes de végétaux.

En dehors de cela, toutes les plantes sont endomycorhiziennes.

Quelles sont les pratiques à éviter et celles à privilégier ?

Pour maximiser les chances de succès de l’inoculum et le maintien des populations inoculées :

Voyons d’abord ce qui perturbe le développement voire la survie des champignons mycorhigènes :

  • En premier lieu les engrais phosphatés, en effet, un des principaux apports du champignon mycorhizien est de fournir du phosphore à la plante. Si le sol en est saturé, la plante n’a aucune difficulté à aller chercher cet élément et ne prend donc plus la peine de nourrir ses mycorhizes qui disparaissent peu à peu. Notez que cela est vrai que les engrais soit minéraux ou organiques !
  • Le travail du sol qui brise le mycélium et enfouit les spores dans des zones peu favorables à leur développement.
  • La monoculture de plantes non mycorhiziennes (colza, moutardes, betteraves, choux, épinards, mais aussi lupins...) qui, surtout si elles sont trop bien désherbées, coupent les champignons mycorhiziens de leur source de carbone.
  • Les pesticides et en particuliers les fongicides, même si la plupart de ces produits ne tuent pas directement les champignons mycorhiziens, leur usage est d’un effet négatif marqué sur les populations.

Les pratiques qui sont favorables au bon développement de ces champignons et donc à leur actions bénéfiques sur vos cultures sont donc :

  • une fertilisation phosphorée très réduite ;
  • un travail du sol minimal, voire nul ;
  • une couverture du sol pendant des périodes aussi longues que possible avec des végétaux vivant (couverts végétaux) comprenant une proportion importante de plantes mycorhiziennes : par exemple en mélangeant à vos engrais vert de moutarde avec une légumineuse (fèverole, vesce, pois, fenugrec…) ;
  • un mode de culture sans pesticides
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