La problématique était la suivante : trouver des légumes qui donnent en abondance avec un minimum de travail, qui se consomment en hiver et pourraient être utilisés comme base pour les salade, les jus, les sauces, les soupes en Alimentation crue (et oui, c’est un peu ma spécialité l’Alimentation Vivante). Et bien, vous savez quoi ? j’ai trouvé !

Voici le premier légume chouchou du permaculteur crudivore, le chouchou ! Découvrons plus en détail ce légume, un petit descriptif botanique, la culture du chouchou et ses utilisations crues… ou non.

Descriptif botanique

Le chouchou (nom latin Sechium edule) appelée aussi christophine ou chayotte, est une plante vivace de la famille des cucurbitacées, cultivée sous climats tempérés à chauds comme plante potagère pour son fruit comestible. Le terme désigne aussi bien le fruit qui est consommé comme légume que la plante.

C’est une plante vivace par sa souche tubéreuse, mais elle n’est pas rustique en climat tempéré froid. Elle émet de longues tiges, de plusieurs mètres de longueur, grimpantes grâce à des vrilles pentafides. Les feuilles, de 10 à 20 centimètres de long, sont entières, à nervation palmée, avec cinq lobes pointus et une base cordiforme. Les petites fleurs, jaunes ou blanc verdâtre, sont monoïques. Les fleurs mâles sont réunies en grappes, les fleurs femelles solitaires, toutes apparaissant à l’aisselle des feuilles.

Le fruit est une grosse baie d’une dizaine de centimètres de longueur, en forme de poire biscornue, à côtes irrégulières. Selon les variétés, il est blanc crème ou vert pâle, lisse ou épineux. Contrairement aux autres cucurbitacées, il ne comporte qu’une seule graine. Cette graine est très grosse, à tégument mince, difficile à extraire du fruit.

Permaculture

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Photo de l’oranger chouchouté ?

J’ai découvert ce légume sur un marché auprès d’un producteur en Algarve (Portugal). Je lui en ai alors acheté 3 fruits pour tester la culture au jardin. La première année j’ai installé des pieds de chouchous dans la serre, au final ce choix c’est avéré peu pertinent. D’une part c’est une plante exubérante qui fait rapidement de l’ombre aux semis dessous, d’autre part, ici au Portugal, il fait beaucoup trop chaud dans la serre l’été. J’ai pu observer la vigueur de cette plante potagère. Elle fait des racines de plusieurs mètres de longs agrémentées parfois près de la souche d’un gros tubercule. Le chouchou s’est vraiment plu au jardin la seconde année en extérieur, installé au pied d’un oranger, mais là encore, il me semble avec du recul que ce n’est pas encore le choix le plus pertinent. Je ne pensais que le chouchou deviendrait aussi envahissant, on peine à voir l’oranger dessous !

La culture du chouchou demande un sol frais, léger, drainant, bien ameubli et riche en humus

chouchou_culture3Plantation : acheter un chouchou en magasin et le laisser germer. C’est une graine « vivipare » (car la graine germe à l’intérieur du fruit, voir photo du fruit germé), la racine sort et va vers le bas tandis que la pousse sort au même endroit et va naturellement vers le haut. Mettre le chouchou dans un pot et poser le fruit en biais, la partie germée légèrement enfoncée dans le terreau. Garder le pot dans un endroit abrité et lumineux.

Mettre le plant en pleine terre au printemps, vers le mois de mai. Choisir un endroit bien exposé, abrité ou sous serre (selon votre climat). Le chouchou a besoin d’être palissé pour prospérer. La souche peut rester en terre plusieurs années à condition de la protéger efficacement contre le gel.

Entretien : arroser. Eventuellement, pincer les extrémités des premières tiges pour multiplier les ramifications afin d’activer la production.

La récolte des fruits s’effectue en automne. Environ 6 mois de chaleur sont nécessaires pour la maturation des fruits.

Le chouchou est un des légumes préférés des Réunionnais, sa production est une spécialité du cirque de Salazie. Le chouchou pousse très bien en Corse et au Portugal ! Il donne énormément de fruits, un pied peut donner en conditions optimales entre 30 et 100kgs.

Utilisations culinaires

Voilà un nouveau légume bien intéressant en Alimentation Vivante car il vient compléter la palette des légumes habituels en hiver, une époque où la variété des légumes disponibles au jardin est moindre. Voyons les utilisations culinaires traditionnelles :

Les fruits :chouchou_utilisations2

Le chouchou a une chair croquante, juteuse, au goût relativement neutre. Il est spécialement intéressant en Alimentation Vivante et en permaculture, d’une part car un pied de chouchou peut produire une grande quantité de fruits et est compatible avec une culture à étages, d’autre part son goût relativement neutre est un avantage indéniable. Il permet de remplacer les concombres et les courgettes en hiver et ainsi de réaliser : des base de jus (avec la peau, photo du jus vert avec chouchou en arrière plan), et plutôt sans la peau : des sauces, des salades, des soupes. Il est possible aussi de s’en servir comme des tranches de pain (Photo du guacamole sur tranches de chouchou). Le fruit est meilleur lorsqu’il est pas à maturité, après il devient de plus en plus dur et sera plutôt comestible cuit ou à garder pour une prochaine plantation au jardin.

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De façon traditionnelle, le chouchou peut être consommé cru, cuit ou au vinaigre. Il se prépare de la même manière que les courgettes, en salade, en gratin, à la vapeur, en soupes, crèmes et veloutés. A la Réunion, le chouchou était autrefois consommé essentiellement en crudité ou en gratin. Il existe aussi des préparations sucrées à base de chouchou, des compotes, des confitures, ou le « gâteau chouchou » à la Réunion.

 

Outre les fruits, on pourrait aussi consommer :

  • les feuilles (j’ai croisé une brésilienne qui en mettait quelques unes dans ses jus… mais je ne me prononce pas sur la comestibilité des feuilles crues, en général, on ne consomme pas les feuilles de cucurbitacées),
  • les extrémités des tiges (20cm), appelées « brèdes » à la Réunion et à l’île Maurice, peuvent se préparer sautées à la poêle comme des haricots verts dont elles rappellent le goût.
  • et les quelques tubercules (peu fréquents sous nos climats) ce qui serait quand même dommage car cette plante peut être conduite en vivace sur plusieurs années, lui laisser les racines en paix me paraît donc plus intéressant.

Autres usages

Julie de la Réunion, qui est passée à l’Oasis au mois de décembre, était très enthousiasmée de retrouver des chouchous, et nous a appris que les tiges sèches étaient utilisées à la Réunion pour fabriquer des chapeaux (les chapeaux paille chouchou, spécialité de Salazie). Voir dans le diaporama ci-dessous mon essai de tressage pour un panier suspendu dans la serre.

A bientôt pour un second légume chouchou en permaculture.

 

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