C’est Jorge qui m’a montré ce petit serpent, je n’arrivais pas à le voir, environ 35cm de long, fin et fondu dans la végétation sur une souche d’arbre.

On a peur de ce que l’on ne connaît pas.

C’est un fait que l’être humain, surtout dans notre société occidentale, a saccagé et saccage encore son environnement. C’est difficile pour nous de nous en rendre compte au quotidien. Mais peut-être vous souvenez-vous de trajets en voiture dans votre jeunesse où l’on devait nettoyer souvent les pare-brise de voiture de tous les insectes écrasés ? Nos pare-brise sont plutôt propres maintenant, non ? où sont passés tous ces insectes ?

Aujourd’hui, il y a vraiment peu de serpents. J’ai eu l’occasion de lire un vieux livre écrit par un chasseur de vipères. Autrefois, les campagnes grouillaient de serpents. Ce chasseur était appelé pour « nettoyer » les haies des bocages de campagne. Sur une longueur de haie, il pouvait attraper une trentaine de vipères.
Aujourd’hui, il n’y a vraiment plus grand-chose en terme de diversité, de richesse de la faune comparativement à il y a seulement 2 générations, et pourtant on continue encore à tuer…

  • tuer les sangliers, çà pullule, çà se mange et c’est bon
  • tuer les ours, les loups, les renards… vous rendez-vous compte, ils mangent nos poules, nos moutons
  • les geais, ils mangent nos poires
  • les serpents, ah non, cette bestiole-là, çà j’aime pas

A titre d’exemple, à chaque fois que l’on parle d’un animal que nous avons la chance d’apercevoir au papy du coin, il nous demande si nous l’avons tué. Et pourtant, c’est le même papy qui vilipende les chasseurs : « autrefois, il y avait pleins d’animaux et d’oiseaux, ils ont tout tués ».
Au Portugal, il existe encore des tauromachies. Les tauromachies, la chasse, j’ai l’impression de vivre encore à l’époque du Moyen-Age. Il serait temps que notre civilisation adopte un autre comportement face au règne animal. Arrêter d’exterminer, d’exploiter. Passer à des valeurs plus évoluées, connaître, contempler, protéger.

Ici à l’Oasis, nous n’avons vu que des couleuvres. En général, aux endroits où vivent les couleuvres, il n’y a pas de vipères. Les couleuvres sont en effet des prédateurs de vipères. Elles sont bien plus grandes en taille.
Contrairement aux vipères, les couleuvres ne sont pas venimeuses.

De plus, selon moi, elles sont chez elles. L’Oasis, c’est autant chez elles que chez nous !

Je les apprécie aussi car elles sont des bonnes auxiliaires pour le jardin, elles régulent les populations de petits mammifères comme les campagnols.

Je ne nie pas que lorsque je vois un serpent, j’ai toujours un léger haut le cœur. Passé l’effet de surprise, le réflexe laisse place à l’émerveillement, à la découverte. J’ai encore vu hier pour le seconde fois, le long serpent vert pomme qui habite le muret. Le voir filer est de toute beauté. On a l’impression qu’il ondule en lévitation sur les herbes hautes à 40cm du sol, il est très rapide. Cela donne l’impression de voir une vague verte éclair. C’est très beau à regarder mais ces moments sont toujours très furtifs. J’aimerai que les couleuvres de l’Oasis s’habituent à notre présence et qu’elles n’aient plus peur, que l’on puisse cohabiter en harmonie.
Les moments où l’on peut observer à loisir un serpent sont rares, la plupart du temps, lorsque l’on passe à côté d’un serpent, on lui fait peur et il se sauve très rapidement. Vous avez juste le temps de voir une flèche verte, marron ou grise qui file et disparaît en moins d’une seconde.

Mais parfois, le serpent doit peut-être être engourdi de froid ou de sommeil, ou installé en « caméléon » à un endroit où il  se voit peu. Dans ce cas, il choisit l’option « personne ne me voit, je fais le mort » et ne bouge pas d’une écaille. Il faut alors être deux pour que l’autre aille chercher l’appareil photo, ou vous avez été discret et il n’a pas détecté votre présence et vous pouvez aller chercher l’appareil photo vous-même , ou encore, par chance, vous l’avez déjà dans la poche.
Tout çà pour dire que vous avez vraiment de la chance de pouvoir regarder les photos que je mets sur le site internet. C’est pas évident à photographier !

Il y a aussi des moments particuliers, comme cette après midi où la couleuvre à l’arrière de la maison est montée tout en haut de l’olivier pour visiter un nid  de chardonnerets…

J’apprends à connaître l’environnement de l’Oasis, la flore, la faune, je m’émerveille chaque jour des « instants cadeaux » (un geai qui se pose à 4 mètres, une huppe fasciée qui prend un bain de poussière au milieu du chemin, un rapace qui prend son envol…) et lorsque c’est possible, je prends quelques photos pour partager cet émerveillement avec vous.

Connaître, s’émerveiller, aimer, protéger.

Voilà, j’espère que ces quelques lignes vous éviterons de fermer la fenêtre internet dès que vous voyez une photo de serpent en ligne sur le site de l’Oasis.

Autre article sur la même thématique « Leçon de philosophie du serpent »

 

Digressions, en cas de présence de vipères :

Connaître, c’est important. Cela permet d’adopter un comportement adéquat.
Dans le cas des serpents, si vous habitez une zone de montagne où potentiellement vous pouvez rencontrer des vipères lors de vos balades, elles peuvent vous mordre :
Si vous les surprenez et qu’elles n’ont pas la possibilité de fuite, si elles se sentent acculées,
Si elles confondent votre pied avec un petit mammifère. Elles chassent notamment en captant les différences de température. Aussi, dans une zone à vipères, ne vous promenez pas hors sentier dans l’alpage pieds nus ou en tongues. Une bonne paire de chaussures de montagne évitera les confusions thermiques.
Je ne réécris pas les conseils classiques, en cas de morsure, vous pouvez trouver çà facilement.

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