La problématique était la suivante : trouver des fruits et légumes qui donnent en abondance avec un minimum de travail, qui se consomment en hiver et pourraient être utilisés en Alimentation vivante. Et bien, vous savez quoi ? Ces fruits et légumes, chouchous du permaculteur crudivore, existent !

Voici le premier fruit, chouchou du permaculteur crudivore, le physalis ! Découvrons plus en détail ce fruit, un petit descriptif botanique, la culture du physalis et ses utilisations crues.

Consultez les articles précédents pour découvrir le chouchou (chayotte) et le yacon (poire de terre).

Descriptif botanique

physalis_fleurLe physalis est une plante herbacée, vivace, assez vigoureuse. Elle peut atteindre 1,50 mètre de hauteur avec des tiges dressées, ramifiées ou non, qui s’affalent lorsque les fruits sont à maturité, sans doute une technique pour étaler ses graines un peu partout. Les feuilles sont plus ou moins velues, ovales, pétiolées, avec quelques dents grossières ou entières. Les fleurs sont hermaphrodites, plus ou moins en forme d’étoile, 15-25mm, solitaires, un peu penchées, au niveau des ramifications de la tige ou à l’aisselle des feuilles supérieures. Elles sont difficiles à apercevoir dessous les tiges et feuilles. Le fruit est une baie orange, 12-17mm, contenant de nombreuses petites graines. Le fruit est enfermé dans le calice très agrandi, en forme de lanterne, de couleur verte, se colorant et devenant membraneux à maturité.

physalis_plantMais, lorsque l’on parle de physalis, deux variétés cousines (sur les 100 espèces connues dans le genre physalis !) toquent à la porte :

  • le Physalis alkekengi, originaire d’Europe centrale et méridionale et de Chine avec ses fleurs blanches puis le fruit entouré de son lampion rouge vif à l’automne, plus connu pour ses utilisations médicinales,
  • le Physalis peruviana L., originaire de la région andine du Venezuela, de la Colombie au Chili (entre 800 et 3000m d’altitude) avec ses fleurs jaunes puis le fruit entouré de son lampion beige clair à maturité, plus connu pour ses utilisations comestibles.

 

Nomenclature : c’est un fruit connu depuis la haute antiquité. Dioscoride et Galien le connaissait sous le nom de coqueret en raison de la couleur du fruit qui rappelle celle de la crête de coq. Les anciens l’appelaient aussi carquenges et de nos jours, on le nomme cerise d’hiver, amour en cage, lanterne japonaise, herbe à la pierre, alkékenge, coqueret (coqueret du Pérou pour Peruviana), mirabelle de Corse, cerise des Juifs, coccigrole, poc-poc, cape goosberry (anglais), uvilla (espagnol).

Nom portugais : Alquequenje, cereja-de-judeu, erva noiva, fisalis, lanterna chinesa

Le nom du genre est dérivé du grec « physalis » pour vessie, qui vient de « phusao », signifiant je gonfle. Ce nom fait référence au calice floral qui gonfle peu à peu, au fil de l’été, en prenant de la couleur.

Attention, le physalis fait partie de la famille des solanacées. Le feuillage et les fruits immatures sont toxiques car comme les parties vertes des pommes de terre, ils contiennent de la solanine.

Petite digression sur les plants dites « invasives »

C’est un concept absent du jardin de l’Oasis. Il n’y a pas a proprement parlé de plantes envahissantes, il y a des plantes rustiques, faciles de culture, qui se ressèment toutes seules et fournissent de la matière organique en abondance et sur place. Elles sont intéressantes car il suffit de les couper, les couper et les couper encore pour, soit avoir un apport pour le compost, soit pailler la zone où elles se sont installées.

Concernant une échelle plus large que la zone du jardin, si l’on parle par exemple des plantes invasives du littoral, de l’acacia en forêt, la question est plus délicate. Une plante n’apparaît pas par hasard, elle a un caractère bio-indicateur. Elle vient soit combler une fonction qui n’était pas présente dans l’écosystème ou apparaît en réponse à un déséquilibre de l’écosystème. Voir à ce propos l’encyclopédie des plantes bio-indicatrices de Gérard Ducerf.

 

Permaculture

Il est un scénario commun à tout jardinier et qui se produit avec certaines plantes. C’est amusant de se remémorer les soins prodigués la première année de culture, le précieux sachet de graines que l’on reçoit, le semis, l’impatience anxieuse, les premières pousses choyées, le repiquage, les tous premiers fruits que l’on déguste avec délectation puis, quelques années après, la plantule est devenue une grosse mémère bien à l’aise chez elle, qui s’installe de partout et que l’on commence à ratiboiser allègrement pour l’utiliser en biomasse pour le compost ou pour pailler les plates-bandes du jardin.
Conditions de culture :

Le physalis est une espèce relativement rustique, elle s’accommode de nombreuses écologies, aussi bien des climats tropicaux et subtropicaux, chauds et humides, ou chauds et secs, que du climat méditerranéen Sud Portugal de l’Oasis ou du climat plus continental de la France. Le physalis craint les sols mal drainés et asphyxiants, les vents violents et les gelées, les parties aériennes gèlent à -3°C.

Habitat : Cultures, friches et broussailles, parfois en grandes colonies.

physalis_recolteLe physalis se multiplie par semis ou par bouturage. Il peut être cultivé selon les climats comme une plante annuelle ou bisannuelle ou vivace, notamment en zone méditerranéenne. J’ai même eu la surprise de voir reverdir cet automne les plants d’une zone que j’ai arrêté de cultiver cet été. Ces plants n’ont pas été arrosés de tout le printemps et de l’été et ont reverdi dès les premières pluies d’automne ! Pour garder votre plant de physalis d’une année à l’autre hors zone méditerranéenne, vous pouvez le recéper au pied et pailler la souche pour la protéger du gel.
Récolte : Les fruits mûrs se récoltent de décembre à août.

Après 3 années de culture du physalis, je trouve ce fruit vraiment intéressant, il est facile à cultiver (il pousse tout seul !), demande peu de travail, ne connaît ni nuisible ni maladie et une fois installé en vivace, donne des fruits pratiquement toute l’année.

Utilisations culinaires

physalis_decoAu Portugal, cette plante est cultivée dans la région de « Cova da Beira » pour ses fruits comestibles.

Voilà un nouveau fruit bien intéressant en Alimentation Vivante car il vient compléter la palette des fruits et légumes habituels en hiver, une époque où la variété des fruits et légumes disponibles au jardin est moindre. Si bon lorsqu’il est bien mûr, il a une saveur sucrée, aromatique et légèrement acidulée.

Voyons les utilisations possibles :

  • nous avons mangé pratiquement tout le temps ces fruits tel quels, sur place au jardin. Ils sont très bons ainsi, tout simplement.
  • c’est possible aussi de les mettre dans une salade de fruits,
  • de les mettre dans un jus,
  • coupés en deux et séchés longuement, cela vous donnera des bonbons 100% naturels et super bons!

 

Propriétés Médicinales de Physalis alkekengi

Histoire : Le médecin grec Dioscoride (1er siècle après JC) considérait le physalis comme une plante diurétique et un remède contre la jaunisse. Le livre des simples de Platéarius décrit comme suit ses propriétés médicinales : « elle vaut surtout contre les empêchements d’urine et la pierre ». On appelle en effet le physalis, herbe à la pierre, car il a été de tout temps utilisé pour soulager les maladies de calculs. En Espagne on préparait un vin thérapeutique préparé avec ce fruit contre la rétention d’eau et les troubles des voies urinaires. Les femmes africaines buvaient une décoction de cette plante pour soigner la stérilité et éviter les fausses couches.

Physalis_baiesConstituants : les fruits sont surtout connus pour être riches en vitamines A (carotène) et C (60mg/100g). Ils contiennent aussi des flavonoïdes et un amer (physaline).

Propriétés : les fruits du physalis ont des propriétés diurétiques, d’élimination de l’acide urique, laxatives douces, sédatives, antirhumatismales, émollientes, rafraichissantes et fébrifuges.

Utilisations : les fruits du physalis sont utilisés comme diurétiques, dépuratifs, mais aussi pour les calculs rénaux et biliaires, les inflammations des voies urinaires, la rétention d’eau, la goutte, les rhumatismes, les engorgements hépatiques. On les utilise soit en décoction (40g de baies sèches pour un litre d’eau et 3 tasses par jour), soit sous forme de vin (à base de baies et feuilles) ou de sirop. En cas de coliques néphrétiques, consommer 3 à 7 cerises par jour.

 

Pour aller plus loin :

Consultez les articles précédents pour découvrir le chouchou (chayotte) et le yacon (poire de terre).