Cet article sur les semences hybrides et OGM est le second article d’une série sur les semences, un enjeu sociétal essentiel, afin que vous puissiez faire vos choix (culture, achat de légumes) en ayant conscience des problématiques qui se cachent derrière.
- Partie 1 : Les semences anciennes
- Partie 2 : Hybrides, OGM et flou juridique
Je me suis bien trituré les méninges afin de parler avec simplicité d’un sujet difficile techniquement et le rendre abordable. Prenez votre temps pour lire cette série d’articles même si c’est un peu plus difficile que d’ordinaire. Il y a beaucoup de bonnes raisons de prendre connaissance de ce sujet : prendre soin de votre corps, ce que nous laisserons aux enfants demain, soutenir les paysans…
Hybrides et OGM, de la sélection du paysan au labo d’aujourd’hui
Initialement, ce sont les paysans qui ont créé des hybrides. Le paysan voyait une plante avec une propriété intéressante, une autre plante de la même espèce avec une autre propriété intéressante et il croisait alors les deux plantes en question pour récupérer un descendant qui avait les deux propriétés réunies. C’est ce que l’on appelle aussi la sélection massale.
Aujourd’hui, le terme d’hydride recouvre une réalité bien différente et beaucoup moins sympathique. Ce sont maintenant les semenciers qui fabriquent les hybrides à partir de deux plantes parentales clones.
Chacune des plantes parentales est obtenue par croisements successifs afin de « bénéficier » d’un appauvrissement génétique. On provoque en quelque sorte une dégénérescence « consanguine ».
Les 2 clones dégénérés sont alors croisés afin de produite un hybride F1 (F1 pour première génération), qui aura une vigueur juvénile et va donner une belle plante productive. Par contre, à la deuxième génération, la plante sera très peu productive.
Les hybrides F1 c’est la trouvaille géniale pour obliger les paysans à acheter leurs graines chaque année !
Bien que l’on peut se dire, OK, c’est pas top, ceci dit, çà reste naturel. Certes, tout le monde est obligé d’acheter des graines mais c’est comestible. Hum, « yes, of course my lord » mais malheureusement l’histoire ne s’arrête pas là…
Hybrides et OGM : le flou juridique autour des OGM
Et oui, loin de s’arrêter en chemin, les labos ont poussés plus loin leurs expérimentations de chercheurs fous pour créer, vous en avez déjà entendu parlé, les fameux « OGM » ou organismes génétiquement modifiés. Ce terme recouvre tout organisme vivant (cela peut être une plante mais aussi un microbe, des micro-organismes, des champignons, des animaux… les fameux saumons transgéniques) qui voit son capital génétique initial modifié soit par :
- Introduction d’un gène étranger, on parle alors de transgénèse et de plante transgénique,
- Suppression, modification chimique ou substitution d’un ou de plusieurs gènes, on parle alors de mutagenèse.
Selon la directive européenne 2001-18, ne sont reconnus sur le plan juridique comme OGM et en conséquence soumis à étiquetage QUE les plantes transgéniques, à savoir celles dont la modification génétique fait appel à un gène étranger, un transgène. Tous les autres OGM, bien que techniquement reconnus comme OGM, ne le sont pas sur le plan juridique et du coup, ne sont pas soumis à étiquetage (1) . « Des OGM qui ne sont pas soumis à étiquetage », oui, je suis au regret de vous dire que vous avez bien lu.
C’est notamment le cas des plantes mutées par mutagenèse. Leurs graines sont exposées à un traitement chimique ou physique qui provoque une modification dans la formulation chimique des gènes. Cela provoque ensuite la synthèse de nouvelles chaînes protéiques dans la plante avec de nouvelles propriétés comme la tolérance à un herbicide. La quasi totalité des plantes mutées sont créées pour justement résister à des herbicides. Dans les champs, ces plantes vont accumuler cet herbicide dans leurs cellules et après ? C’est quoi la suite de l’histoire ?
Visiblement, en en discutant avec les formateurs de la Ferme de Saint Marthe, cela concerne pratiquement toutes les grandes cultures céréalières en agriculture conventionnelle ou raisonnée, ce qui signifie que des milliers d’enfants consomment chaque matin des bols de céréales OGM ! Dans quel monde nous vivons, un monde où nous empoisonnons nos propres enfants en conscience chaque matin ?
Bon, vous pourriez vous dire, ok, la solution est simple, il suffit de s’approvisionner en bio, oui, c’est une bonne option dans tous les cas, mais est-ce que cela suffit ? Nous verrons la suite de l’histoire au prochain article …
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Nota : je ne suis pas une spécialiste du domaine, mais une simple jardinière qui essaie de retransmettre en termes simples ce que j’ai pu comprendre avec mon background d’ingénieur. Si vous êtes un lecteur averti sur le sujet, un paysan semencier, n’hésitez pas à poster votre éclairage sur le sujet et apporter votre contribution à cet article !
Nota bis : j’ai suivi une année de formation agricole en 2009/2010, le BPREA (Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole) et en un an de formation à temps complet, on ne m’a jamais parlé des hybrides à CMS …
(1) Selon « La semence dans tous leurs états », vidéo disponible sous Youtube réalisée par Christophe GUYON
Bonjour, C’est une stratégie globale de tromperie. A défaut de pouvoir s’y opposer, il faut dénoncer autant qu’on le peux. Ainsi, nous ne sommes pas complice de cette tromperie. Garder sa conscience. J’ai la conviction qu’ils vont perdre, que les peuples vont retrouver leur intégrité.
Il me semblait que, au Portugal, vous étiez moins exposés à toutes ces pollutions…?
Bonjour Vinca
au Portugal, nous avons la chance « d’être en retard » par rapport à la France et il y a encore de fortes traditions paysannes. J’ai un voisin de 75ans qui pratique la traction animale avec sa mule pour faire son jardin !
Je dirais que ce qui fait défaut au Portugal, c’est le manque d’information, il y a beaucoup moins de livres disponibles sur des sujets comme le jardinage biologique, la permaculture, l’alimentation vivante pour citer des sujets que je connais. Il y a des champs d’OGM pour le mais, les pommes de terre, les eucalyptus ! On trouve des OGM dans les granulés pour les poules…
A ma petite échelle, j’essaie de contribuer à diffuser de l’info. J’envoie mes articles de jardinage biologique à l’Association Colher para semear (équivalent de Kokopelli portugais) qui les traduit et les insère dans le magazine de l’association.
Merci Murielle pour toutes ces informations qu’en est il de Kokopelli?
Comment se fait t’il que les graines d’un potiron acheté en boutique bio produit des fleurs donne pas le légume?
A bientôt pour le 2eme volet
Amicalement
Patricia
Coucou Patricia,
concernant Kokopelli, ci contre un lien vers leur synthèse juridique : https://kokopelli-semences.fr/juridique/kokopelli_vs_baumaux
Pour tes graines de potimarron,
1/ pour s’assurer que les graines de ton potimarron vont donner effectivement des potimarrons l’année suivante (et pas une cucurbitacée surprise comme je les appelle, un mélange de deux cucurbitacées qui se sont croisées), il faudrait savoir s’il a été cultivé avec d’autres plantes de la même espèce à savoir » Cucurbite maxima », en l’occurence : potiron, courge brodée, Giraumon, rouge vif d’Etampes, bleu de Hongrie… pour citer les plus connus.
2/ il faut que ses fleurs femelles soient pollinisées par le pollen des fleurs mâles (je le fais régulièrement à la main pour avoir plus de potimarron) sinon le futur fruit qui se trouve derrière la fleur femelle va avorter…. d’où l’importance de nos amies les abeilles.